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De la forêt à la Forêt de Notre-Dame

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<p>La charpente de la nef qui comprend treize fermes de la cathédrale Notre-Dame de Paris - Paris 4 - XIIe, XIIIe, XIXe, réhabilitation par Viollet-le-Duc.</p>

Crédit photo Artedia/Leemage

Depuis le mois de septembre, il est possible d’apercevoir la nouvelle charpente – en chêne ! – de la cathédrale Notre-Dame de Paris émerger des échafaudages… C’est la fin d’un long combat qui a commencé dès le lendemain de l’incendie quand, entre propositions de charpentes plus modernes et crainte de devoir détruire la forêt pour la reconstruire, on a vu resurgir toutes les idées fausses sur le bois dans la construction… La solution de reconstruire à l’identique et en chêne massif la flèche et la charpente, soutenue par l’association Restaurons Notre-Dame (1) dès les premiers jours, a fini par l’emporter, et c’est grâce à l’engagement des propriétaires publics et privés (2) dès le 19 avril 2019 d’offrir les grumes de chêne nécessaires que la solution est apparue viable. En quelques semaines, entre fin janvier et mi-mars 2021, les 1 300 chênes de la flèche ont été choisis et coupés, puis entre juillet 2022 et février 2023, ceux de la charpente (2 000, un arbre par « pièce de charpente »). Un exploit qui a mobilisé 400 agents de l’ONF et l’ensemble de la filière bois, des propriétaires forestiers jusqu’aux scieurs en passant par les gestionnaires, les entrepreneurs de travaux forestiers (bûcherons, débardeurs, éhoupeurs) et les transporteurs.

Pour respecter le fil du bois, les grumes ont été équarries à la hache – il a fallu fabriquer exprès 66 haches, là encore en un temps record – et finies à la doloire. Puis les 44 fermes triangulaires ont été montées à blanc (pour qu’elles commencent à sécher dans la forme définitive, bois vert oblige), pour être déconstruites ensuite et transportées sur le chantier de Notre Dame.

Une telle efficacité n’a été possible que portée par l’enthousiasme suscité par ce projet et le bonheur d’y participer, avec le corollaire que, pour la première fois, forestiers, charpentiers et architectes ont dialogué pour comprendre les contraintes de chacun. Ce chantier aura, on peut l’espérer, d’autres répercussions à long terme : revalorisation du métier de charpentier, reconnaissance des qualités uniques du bois, et prise de conscience de la corrélation entre sylviculture et qualités de bois… Mais surtout on peut espérer que le grand public, qui s’était inquiété au début à l’idée qu’on allait raser nos forêts pour faire la charpente de Notre-Dame (on en est loin !, avec trois à quatre mille chênes coupés, sur 2 millions coupés chaque année), aura fait connaissance avec les forestiers et la filière bois française.

(1) Dont l’assemblée générale s’est tenue le 12 octobre dernier à Paris.

(2) Les chênes devaient au départ venir pour moitié des forêts publiques et pour moitié de la forêt privée, au final 2/3 ont été fournis par la forêt domaniale, les forêts privées (qui s’étaient proposées) n’ayant pas les arbres recherchés…

Charpente

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