Le 28 mars, au sein du Campus bois situé à Épinal, s’est déroulée une journée technique sur le thème : «L’Usine 4.0, c’est aussi pour la filière bois». Cette journée, organisée en deux temps, a permis aux participants de la filière de découvrir l’exemple de confrères déjà engagés dans ce type d’évolution du système de production, et de montrer qu’une PME est potentiellement en mesure de s’approprier ce concept consistant à inscrire au mieux l’homme, la machine et le numérique en complément.
«Avec cette journée, nous avons souhaité démystifier le concept de l’usine 4.0 en montrant avant tout qu’il n’est pas réservé aux entreprises de taille industrielle», souligne Hind Bril-El-Haouzi, co-responsable du département Iset au Cran et enseignante en logistique et organisation industrielle à l’Enstib, (respectivement deux composantes de l’université de Lorraine). Une cinquantaine de participants, issus de l’ensemble de la filière bois, ont assisté à cet événement, qui était organisé en deux parties : tout d’abord, chacun a pu identifier des enjeux pour sa propre activité au travers des témoignages d’entreprises de la filière présentes et déjà engagées dans une démarche vers «l’usine du futur».
Chacun a pu échanger autour des thématiques évoquées avec les différents intervenants et s’assurer que la transition vers l’usine 4.0 est nécessaire et accessible à tous.«Chaque entreprise a son propre projet, adapté à ses capacités financières età ses ambitions. Il est clair que la réussite de la démarche vers l’usine 4.0 passe au départ par une bonne analyse du niveau de maturité de l’organisation en place et le déploiement d’un plan d’actions cohérent», déclarent les organisateurs de la journée. Le Critt bois s’est doté d’un outil de diagnostic pour appuyer les entreprises qui souhaitent faire un état des lieux. Ce diagnostic est suivi d’un travail commun avec l’entreprise pour définir son objectif final et établir le plan d’actions en lien avec ce dernier. «Les compétences et les ressources techniques du Cran sont régulièrement sollicitées pour optimiser des travaux et faire sauter les verrous de la brique technologique de certaines phases du plan d’actions», ajoutent-ils.
Trois ateliers thématiques
Dans un second temps, il était proposé aux participants d’assister à une présentation et une démonstration des équipements présents sur le Campus. Chaque équipement était présenté par des intervenants du Critt bois et des enseignants chercheurs du Cran / Enstib : ceci a permis une approche concrète des potentiels offerts par les outils et les compétences des équipes, notamment pour les domaines de l’ingénierie numérique pour la construction (maquette 3D / scan / Lean 4D…), de l’imagerie multimodale mise en oeuvre pour la filière bois, (identification / singularité bois, qualité), et enfin du pilotage intelligent de la production au travers de la plateforme «Tracilogis». On notera que cette dernière vient de se doter de deux nouveaux robots 6 axes qui ont été intégrés au sein d’une cellule flexible de production comprenant des moyens modernes en traçabilité, identification et contrôles de flux intelligents. «Dans le cas de la cellule flexible de production et logistique, il s’agissait de montrer comment il est possible, à partir du produit en cours de réalisation, de conférer à celui-ci une forme d’autonomie lui permettant de décider de lui-même des moyens à mettre en oeuvre. Cela revient par exemple à l’amener à réintégrer automatiquement la chaîne de production, s’il advient qu’il en sorte», explique Hind Bril-El-Haouzi. «Concernant l’atelier qui avait pour thème l’imagerie multimodale», poursuit-elle, «il s’agissait de montrer comment il est possible d’attribuer une forme d’ADN à chaque pièce de bois, afin que chacune soit sélectionnée en fonction de l’application correspondante, cela impliquant par exemple une traçabilité via code-barres ou moyen biométrique».
Automatiser pour mieux optimiser
Parmi les représentants d’entreprises venus témoigner figurait Jérôme Klotz, dirigeant de la scierie Genet, basée à Luxeuil-les- Bains (70), spécialisée dans le sciage d’essences feuillues (hêtre, chêne et frêne) et rachetée en 2016 par la coopérative Forêt et bois de l’Est. «Se doter d’outils informatiques s’est imposé comme une nécessité afin d’optimiser la gestion de l’entreprise», témoigne-t-il.
Photo : L’atelier sur la plateforme-cellule flexible de production Tracilogis montrait comment il est possible de conférer au produit en cours de réalisation une forme d’autonomie.