La bonne nouvelle concernant l’épidémie de scolytes en cours depuis 2018 est qu’elle s’est peu étendue sur le territoire français en 2020, les régions Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté concentrant toujours la majorité des dégâts. La mauvaise c’est que dans ces deux régions, les dégâts ont progressé. Depuis 2018, le volume des bois scolytés pour ces deux régions représente 10 Mm³. C’est l’évaluation (par extrapolation) tout récemment publiée par le Département santé des forêts (DSF) dans son «Bilan fin 2020 de la crise scolytes sur épicéas».
Les pessières représentent 118.000 ha (dont 66.000 ha en forêt privée) en Grand-Est et 58.000 ha (dont 41.000 ha en forêt privée) en Bourgogne-Franche-Comté. 30.000 ha sont atteints, 17% du volume sur pied des pessières situées en dessous de 800 m (le dégâts se sont étendus au-dessus de 800 m, mais non significativement). Dans d’autres régions heureusement, bien que les épicéas soient soumis à un fort niveau de stress, ainsi dans le Massif central, les mortalités sont très limitées.
La question qui se pose est celle de l’avenir de l’épidémie. Si on sait qu’il émerge environ 30.000 insectes d’un m³ d’épicéa scolyté, et que la température dicte le nombre de générations (alors que 2% des pessières ont connu trois générations en 2016, cela fut le cas pour 50% de celles-ci en 2018 et près de 40% en 2020, selon le modèle établi par le DSF), on ne connaît pas leur nombre total, ni celui de leurs prédateurs, qui augmentent théoriquement au bout d’un moment. On ne peut pas modéliser les dynamiques de populations.
Mais les auteurs du bilan scolytes 2020 du DSF, François-Xavier Saintonge et Max Gilette, se fient à des indicateurs (niveaux des proliférations durant les trois dernières années, fragilisation des arbres suite aux sécheresses répétées) pour supposer que de nouvelles attaques viendront affecter les pessières et entraîner de fortes mortalités en 2021. Selon eux, «le niveau de mortalité 2021 dépendra pour partie des précipitations de l’hiver mais surtout des températures printanières et estivales (agissant sur la biologie du typographe) et d’une éventuelle nouvelle sécheresse». «Il est difficilement prévisible», concèdent-ils.
Illustration : Carte des zones atteintes (septembre 2018 à juin 2020) issues de l’analyse des données satellitaires commandée par le MMA et réalisée par le Sertit. Le massif des Ardennes, le Nord de la Meuse, les Vosges, le Morvan et le Nord de la Haute Saône sont les zones les plus affectées. (Source : DSF)